Le mouvement a une valeur égale à celle du mot.
Ce spectacle se base sur les signes diacritiques, c’est-à-dire la manière de vocaliser en langue arabe.
Prenons par exemple la “fatha” qui a la valeur du [a] et le sens d’ouvrir. Elle s’appelle ainsi parce que les lèvres s’ouvrent quand on la prononce. Ce mouvement des lèvres ressemble à l’abandon, à l’ouverture et à la clarification. La “damma” qui a la valeur du [ou] et le sens de joindre s’appelle ainsi parce que les lèvres se rejoignent en signe d’amour et d’acceptation. Le mouvement des lèvres lié à la “kasra” qui a la valeur du [i] et le sens de brisure inspire douleur et régression, alors que la “sukūn” qui raconte l’absence de vocalise et qui indique le silence et le dissimulation semblable a la tranquillité qui est l’opposé du mouvement, la “sukūn” est comme le calme du cœur.
Le spectacle contient des grandes lignes, des phrases et un vocabulaire chorégraphique spécifiques. Il comprend également une démarche expérimentale qui s’appuie sur une large possibilité d’improvisation, ou en d’autres termes, négocier avec les schémas intuitifs du corps. Ainsi, chaque performance diffère en termes de translation cinétique, ce qui signifie qu’elle n’est pas liée par un cadre ou une formule fixe.
Oui, la voix est réprimée, la communication restreinte entre l’imposition, l’interdiction et l’oppression. Il est temps pour les mots de prendre une nouvelle forme.
Nivine Kallas